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Le journal de Pok

19 avril 2024

"Civil War" d’Alex Garland : d’une brûlante actualité…

A la vue de la bande annonce racoleuse de Civil War, on craignait qu’Alex Garland – jadis un brillant espoir du cinéma de SF intelligente avec son Ex-Machina – ne nous déçoive encore une fois en nous livrant un blockbuster bas du front, capitalisant sur l’angoisse du monde (entier, pas seulement états-unien) devant le déchirement de plus en plus violent de la société autour de questions politiques, religieuses ou simplement morales. Heureusement, Civil War est bien différent, et replace même Garland parmi les cinéastes qui comptent.

Oui, Civil War est un excellent film, malgré quelques scories : un discours parfois un peu convenu sur le journalisme et sa fonction, des rapports presque caricaturaux entre les deux héroïnes (Kirsten Dunst et Cailee Spaeny, toutes deux excellentes), une dernière partie sacrifiant un peu la vraisemblance qui avait prévalu jusque là pour nous offrir du spectacle… Mais ce qui est intéressant est ailleurs, et en particulier dans l’idée de construire le film comme un road movie, une traversée des Etats-Unis dévastés par une nouvelle guerre de sécession, qui nous permette de constater par nous-mêmes, et de manière progressive ce délabrement des structures de la société, mais aussi des relations humaines les plus essentielles, dont on sent très bien depuis quelque temps qu’il nous guette.

Au début du film, on en sait très peu sur ce qui se passe, sur ce qui se joue réellement : on comprend qu’on a affaire à un président incompétent, probablement autoritaire (il en est à son troisième mandat), et qu’une alliance s’est créée entre deux états pourtant politiquement opposés, la Californie et le Texas pour renverser le pouvoir central à Washington. Un conflit qui a entraîné le chaos dans quasi tout le pays, les gens s’entretuant en fonction de leurs convictions. Mais ce qu’on va découvrir en accompagnant un quatuor de reporters – journalistes et photographes – se rendant de New York à Washington pour interviewer le président assiégé (recueillir ses derniers mots ?), va matérialiser toutes nos craintes. Certaines scènes évoquent inévitablement les fictions post-apocalyptiques comme Walking Dead ou The Last of Us, mais avec ce soupçon de véracité, de réalisme en plus qui fait toute la différence.

Le talent de Garland est de construire son film en forme de crescendo, jusqu’à une scène terrible, mais également terrible de justesse, conduite par le toujours brillantissime Jesse Plemons : tout y est, de l’exécution sommaire des « mauvais » Américains – quoi que ce soit que ça signifie dans la tête des bourreaux – aux charniers clandestins, en passant par le sentiment que la survie en temps de guerre est une sorte de roulette russe, où un seul mot, un seul geste décide votre sort. La dernière partie du film nous offre enfin le spectacle promis, et devrait satisfaire ceux qui ont payé leur place pour voir un film d’action, heureusement encore une fois traitée de manière réaliste en dépit d’un scénario jouant cette fois sur des clichés (la chute de la Maison Blanche, ce genre de choses).

Le parti-pris de placer des reporters de guerre au centre du récit joue donc pleinement en faveur du film, même si, on l’a dit, Civil War n’apporte rien de nouveau sur le sujet : certains sont des charognards avides de scoops, comme le personnage joué par Wagner Moura, d’autres, « embeddés » au sein des opérations militaires sont seulement là pour servir le discours officiel de l’armée qu’ils accompagnent, et enfin quelques uns gardent un reste de conscience et de morale : pas de surprise ! Pourtant, il faut bien reconnaître que nous ressentons tout au long du film la précarité léthale de leur situation, et que nous admirons leur engagement : Civil War nous rappelle donc qu’il s’agit là d’un métier à hauts risques, essentiel à la préservation d’une certaine vérité au milieu de la propagande qui fait rage. Impossible de ne pas penser à l’Ukraine ou à la Bande de Gaza devant Civil War, un film de « science fiction » qui est en fait d’une brûlante actualité.

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18 avril 2024

"Ripley" de Steven Zaillan : plein les yeux !

The Talented Mr Ripley de Patricia Highsmith, l’un des chefs d’œuvre du roman noir, a déjà été adapté deux fois au cinéma, dans deux films remarquables : Plein Soleil (1960) de René Clément fut l’un des films phares qui révéla au grand public le jeune (et beau) Delon, tandis que The Talented Mr Ripley (1999) d’Anthony Minghella, initialement rejeté par une critique le jugeant trop « léché », a acquis ses lettres de noblesse au fil des années, et constitue aujourd’hui le mètre-étalon qui servira à juger toute nouvelle tentative d’adaptation. Et c’est bien là que Steven Zaillan, avec sa mini-série, et en dépit des immenses qualités de celle-ci (on y reviendra), a été chercher la corde pour se faire pendre : en prenant quasi systématiquement le contre-pied des choix de Minghella

Tout le monde connaît cette magnifique et très sombre histoire d’un arnaqueur, Tom Ripley (Alain Delon, Matt Damon, et ici Andrew Scott) chargé par les richissimes parents de Dickie (Maurice Ronet, Jude Law et cette fois Johnny Flynn) de convaincre ce dernier, qui mène une vie oisive à leurs frais en Italie, de revenir au bercail. Ripley va tomber amoureux de Dickie, ou de son mode d’existence, et va basculer dans le crime et usurper l’identité de sa victime. Ce qui change assez radicalement ici, c’est que les personnages sont plus âgés (au risque de perdre un peu de crédibilité quant à l’inquiétude des parents de Dickie), moins spontanés et superficiels, et surtout que Ripley est cette fois dépeint comme un être profondément ambigu, voire malsain, pour lequel le téléspectateur aura du mal à ressentir la moindre sympathie. Même si l’intrigue est très fidèle au roman de Patricia Highsmith, Zaillan modifie l’équilibre des différentes parties de l’histoire pour alourdir les scènes de crime – respectant ici le célèbre précepte hitchcockien (« Je montre à quel point il est difficile et quel désordre de tuer un homme…« ) et pour allonger – sur la moitié des 8 épisodes – le jeu du chat et de la souris entre Ripley et la police italienne.

Cette approche a pour effet de transformer la série en un thriller policier et l’éloigner du pur drame psychologique, d’autant plus que la question de l’homosexualité latente est étonnamment peu exploitée pour une œuvre contemporaine… L’interprétation magistrale de Maurizio Lombardi, qui crée un personnage de policier impressionnant et subtil, ajoute encore du poids à la partie de la « traque ». Qui plus est, la lenteur et la précision de la narration, s’appuyant sur une mise en scène d’une grande intelligence, créent de très longs moments de tension particulièrement savoureux tout au long de la série. Le Ripley que l’on découvre cette fois n’est pas un manipulateur surdoué – même si le dernier épisode révélera un certain nombre de calculs particulièrement habiles de sa part -, c’est surtout un homme capable d’improviser alors que les obstacles et les mauvaises surprises d’accumulent sur sa route : Andrew Scott est excellent dans ces allers-retours entre machiavélisme retors et pure panique d’un homme aux abois. A l’inverse, le choix d’Eliot Sumner (fils de Sting) pour jouer un personnage de Freddie Miles sacrifié cette fois par le scénario, est assez discutable : évidemment, cette opinion est influencée par la comparaison inévitable avec l’interprétation du génial Philip Seymour Hoffman dans le film de Minghella… Et Dakota Fanning elle-même ne crève pas particulièrement l’écran, et ne rend pas son rapport avec Dickie vraiment crédible.

Mais, pour être sincère, là où Ripley se démarque superbement de tout ce qui l’a précédé, c’est dans sa conception artistique. Le choix du Noir et Blanc (qui a refroidi apparemment une bonne partie des téléspectateurs internationaux) permet à la série de s’affranchir de la facilité de la représentation d’une Italie ensoleillée, lumineuse, infiniment douce (le travers du film de Minghella), pour explorer plutôt la noirceur de certains de ses aspects « culturels » (la Camorra, en particulier, mais aussi l’opacité de comportements traditionnels, ou de pratiques troubles…). Plus intéressant encore, le choix de matérialiser la noirceur du personnage de Ripley à travers sa fascination pour l’œuvre de Caravage, magnifique peintre de la lumière dont la vie fut au contraire marquée par l’obscurité. Et c’est sans doute là que le choix d’une image au Noir et Blanc fortement contrasté se justifie pleinement : lorsque Ripley se perd dans la contemplation de peintures, mais aussi de statues antiques, de détails de monuments, tout ce qu’on voit se met à faire pleinement sens.

Et la série, que l’on peut très bien regarder comme un photogramme d’images absolument sublimes, s’élève vers l’excellence, dépassant alors tout ce qu’on a pu voir de similaire dans le genre. C’est ce qu’on appelle nous en mettre plein les yeux !

17 avril 2024

"Le mal n'existe pas" de Ryûsuke Hamaguchi : le mal existe...

L'exceptionnelle réussite de Drive My Car et le passionnant Contes du Hasard ont placé Hamaguchi très haut dans ma liste personnelle de cinéastes à suivre. Du coup, par rapport à mon niveau d'attente vis à vis de ce nouveau film, qui plus est primé à Venise, Le mal n'existe pas a constitué pour moi une légère déception... qui ne remet pas en cause néanmoins l'admiration ressentie vis à vis d'une démarche aussi ambitieuse que la sienne, et aussi, admettons-le, vis à vis de l'intelligence subtile de sa mise en scène.

Vraie / fausse démonstration écologique autour d'un ruissellement (d'eaux usées) bien plus réel que celui promis par les adeptes du néo-libéralisme, Le mal n'existe pas est un film qui désoriente par son hétérogénéité, autant que par sa dernière partie, à la fois magnifique, puissante, et... peu claire.

Même si chacune des trois parties du film atteste de l'immense talent de Hamaguchi, il n'est pas facile de passer d'une patiente observation des interactions de Takumi et Hana (père et fille) avec la nature intacte de la région montagneuse et forestière où ils habitent, à une observation fine, mi engagée, mi distanciée, d'une confrontation entre villageois désireux de protéger leur environnement et les représentants d'une agence de promotion pour l'installation d'un "glamping" chez eux : ce grand écart est sans doute trop exiger du spectateur lambda (que je suis), mais témoigne surtout de ce que l'introduction du film provient d'un court projet musical sur lequel Hamaguchi a décidé de construire.

Le plus saisissant est néanmoins la troisième partie du film, sorte de thriller existentiel où tout ce dont nous avons été témoin lors de la première demi-heure du film nourrit une fiction assez inattendue... Avant une plongée angoissante qui subvertit tout ce que nous avions compris et accepté des personnalités comme des rôles de chacun. Les derniers plans du film ont-ils un sens symbolique puisqu'ils n'en font guère (de sens) au premier degré, par rapport à une logique "traditionnelle" ? Chacun aura sa petite opinion là-dessus, et de cette opinion dépendra certainement l'appréciation ou non de ce Le mal n'existe pas.

14 avril 2024

"The signal" de Florian David Fitz, Nadine Gottmann et Kim Zimmermann : « Hello ? »

Une astronaute qui fait de la recherche sur l’ISS est témoin d’un fait inexpliqué. A la fin de sa mission, elle ne reviendra pas vers sa famille – son mari et sa fille : ces derniers, accablés par sa disparition, essaient de comprendre ce qui a bien pu se passer, et vont découvrir une vérité effrayante. Cette histoire vous rappelle quelque chose que vous avez vu récemment ? Comment en effet ne pas faire le parallèle avec Constellation, la demi-réussite de Apple TV+ ?

Il ne faudrait pas que cette similitude de thème, et même de traitement (un va-et-vient entre un mystère – sous forme de flashback – dans la station spatiale et un drame familial – comment faire le deuil d’une épouse ou d’une mère quand tant de choses restent inexpliquées autour de sa disparition ?) joue contre Das Signal (The Signal en guise de titre international), tant cette courte mini-série allemande s’avère meilleure ! Quatre épisodes lui permettent en fait de traiter sans redites et à fond son sujet, avec en bonus une suite de révélations inattendues dans le dernier épisode, ce qui est bien plus que ce qu’on peut dire de Constellation !

Le mélange de paranoïa permanente (il y a un complot, mais qui implique qui ?), de thriller tendu (la fuite du père et de sa fille, pourchassés par la police) et de tragédie humaine (comment vivre quand on a tout perdu ?) est réussi, et éloigne finalement la série de son point de départ « science-fictionnesque », pour l’ancrer dans un réalisme, psychologique en particulier, bien plaisant. Même si Das Signal ne bénéficie pas de la présence d’une actrice comme Noomi Rapace, et si son budget est visiblement bien plus réduit que celui de la superproduction d’Apple TV+, l’équipe de scénaristes et les réalisateurs font un travail tout à fait correct : quelques longueurs sont encore notables ça et là, mais rien de rédhibitoire, tant le téléspectateur se voir embarqué dans la résolution de l’énigme comme dans la souffrance des personnages.

On peut débattre pour savoir si la toute dernière révélation, dans les ultimes minutes du quatrième épisode, est absolument logique, mais elle ajoute indéniablement un fort poids émotionnel rétrospectif à l’histoire. Et elle permet de conclure Das Signal sur un message positif assez inhabituel quant à la possibilité pour l’individu ordinaire de vaincre – et même de manœuvrer – des forces qui lui sont supérieures.

12 avril 2024

"Les entrailles de la nuit" de Marco Pianelli : un cador de la gendarmerie…

Lorsqu’un thriller reçoit le Prix du roman de la gendarmerie nationale, on imagine bien que son héros n’est pas une version française de Harry Hole, un ex punk rocker alcoolique et toujours proche lui-même de chuter dans l’illégalité ! La lecture des Entrailles de la nuit, de Marco Pianelli nous conforte dans nos préjugés, nous rassure peut-être aussi quant à la pérennité des institutions françaises : le major Victor Tchaïev, même s’il est à moitié Rom, ne plaisante pas avec les procédures, la discipline, et ne sourit que quand il se brûle au troisième degré. Résultat : malgré nous, on a bien du mal à l’aimer, ce cador de la gendarmerie, que l’on perçoit comme un c… inflexible, déplaisant, voire littéralement inhumain… Ce qui serait un problème si on ne réalisait pas que, finalement, il y a là une certaine originalité – non dénuée d’audace – de la part d’un auteur qui ne va pas caresser le lecteur de polars dans le sens du poil…

Notre militaire en pleine rétention anale enquête donc sur la disparition d’une petite fille, dont les parents sont amis d’un ministre, ce qui leur garantit que toutes les ressources de la gendarmerie française – et ensuite, de la police – soient activées de toute urgence. Mais malgré la diligence et le professionnalisme des enquêteurs, on ne trouve aucune trace de la disparue durant les 24 premières heures, qui sont, tous les lecteurs de thrillers le savent, critiques. C’est que c’est à autre chose qu’un banal enlèvement qu’on a affaire…

Marco Pianelli est un auteur relativement « nouveau », qui n’a à son actif – à notre connaissance – que trois livres avant ces Entrailles de la nuit, avec d’autres « héros » que Victor Tchaïev. Mais il a recours ici à un subterfuge malin, qui est de donner au lecteur le sentiment d’arriver en plein milieu d’une saga qui aurait vu Tchaïev résoudre déjà plusieurs cas difficiles – appréhendant des serial killers… Cette impression d’être brutalement parachuté au milieu de personnages que nous ne connaissons pas, mais qu’il nous semble que nous devrions connaître (voir par exemple la relation entre Tchaïev, et son soutien digital, l’adjudant Ripert…) donne au démarrage du livre un charme indéniable.

C’est également le réalisme de la description des procédures d’enquête qui séduit : Les entrailles de la nuit est clairement un livre « sérieux », où on ne racontera pas n’importe quoi pour accrocher le lecteur. Ce qui ne veut pas dire ennuyeux, car la mécanique enclenchée par le criminel est assez originale pour que nous nous passionnions pour le duel entre Tchaïev et son mystérieux adversaire. Le seul problème, néanmoins, est qu’il sera assez facile à un lecteur expérimenté de deviner assez tôt qui est cet adversaire, nous frustrant devant ce qui est une sorte de facilité inattendue dans le genre. Heureusement, Pianelli nous offre une confrontation finale entre les deux adversaires, verbale plutôt que physique, qui ménage une conclusion inhabituelle au livre, assez loin des happy ends assez systématiques dans les polars.

Bref, malgré quelques réserves, on suivra désormais la carrière de Marco Pianelli, qui deviendra peut-être une voix originale du polar français.

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11 avril 2024

"All Quiet On The Eastern Esplanade" de The Libertines : les bénéfices de l’âge…

Attention, préparez vos insultes, et même tout ce que vous pouvez lancer, virtuellement, à la tête de ce chroniqueur : celui qui écrit ces lignes n’aime pas beaucoup The Libertines. N’a jamais été particulièrement séduit par The Libertines, une fois passée l’excitation générée par leur apparition au milieu d’une scène rock britannique qui attendait ses « sauveurs ». Et ce n’est pas le récit épique (dans les tabloids britanniques…) mais fastidieux des éternels conflits entre Pete Doherty et Carl Barât, suivi par longue descente en vrille de Doherty dans une posture romantique de poète déglingué, qui les a rendus plus sympathiques, au contraire : la musique n’avait guère besoin d’un autre héros mort à 27 ans, et, contrairement à ce que les très jeunes gens continuent à penser, les gagnants sont les survivants (Hein, Keith ? Hein, Iggy ? Hein, Nick ?).

Ce quatrième album, surgissant après neuf ans de silence, ne suscitait guère d’espoirs, en dépit de la bonne forme physique d’un Doherty rassurant depuis son aventure musicale réussie avec Frédéric Lo. Leur récente prestation scénique au Festival des Inrocks s’étaient avérée correcte, sérieuse presque, pas particulièrement excitante : une fois disparue la tension entre les membres du groupe et leur attrait pour le chaos, restait-il quelque chose d’original chez les Libertines ?

Mais il y avait ce joli single, Oh Shit, qui ne manquait pas d’allure, et surprenait son monde. Une chanson juste déjantée comme on aime, pour admirer l’amour quand il ne se préoccupe que de l’immédiat plaisir d’être en vie. « Tank top, boots, no money / Living on the stubs / What’s it even matter / You’re just young and in love / Oh shit, oh shit / … / Just enough to get us by » (Débardeur, bottes, pas d’argent / Vivre de mégots / Qu’importe / Tu es juste jeune et amoureux / Oh merde, oh merde / … / Juste assez pour nous en sortir). Une indéniable nostalgie – mais joyeuse, la nostalgie – de la part de rockers plus si jeunes maintenant que la quarantaine est bien passée, et qui se sentent ravis devant le spectacle de la jeunesse. Soit une piste réellement intéressante pour un album qui, en effet, s’avère respirer – pour la première fois sans doute – une belle maturité.

Il y a bien sûr ce jeu de mot un peu pourri du titre, qu’on ignorera, parce qu’il essaie de nous faire croire que l’album est une plaisanterie (la première Guerre Mondiale réduite au joyeux foutoir de la vraie et belle Angleterre des rues bariolées, loin du Brexit des vieux cons), alors qu’il est tout sauf ça : il est même très sérieux, et aussi presque toujours très beau. Il suffit d’écouter par exemple le Shiver que nous balance Doherty : une chanson formidable, bouleversante même pour être honnête. Et franchement politique, écrite dans la foulée de la disparition de Lizzy, dans un moment particulièrement opportun pour s’interroger sur ce qui reste de la fière Albion : « They all queued up to see / The old girl’s gone away / As the tattered standard hits the ground / Another coronation day » (Ils ont tous fait la queue pour voir / La vieille fille qui est partie / Alors que l’étendard en lambeaux touche le sol / Un autre jour de couronnement).

Tout n’est évidemment ici pas du niveau de Shiver, à commencer par le premier single et ouverture de l’album, le très basique Run Run Run, le genre de morceaux que Barât compose sans doute à la douzaine, sans se forcer. Et puis la citation du Lac des Cygnes sur Night of the Hunter est plus gênante qu’autre chose. A l’inverse, l’album contient de bien belles chansons qui reflètent une « conscience politique » comme I Have a Friend, avec ce que l’on peut comprendre comme un hommage à l’Ukraine inséré dans une vision apocalyptique de notre futur : « It’s hard to theorize when you are being brutalized / And the tears, like the bombs, they fall without warning / Follow the tracks in the mud down to where the sea is black with blood » (C’est difficile de théoriser quand on est brutalisé / Et les larmes, comme les bombes, elles tombent sans prévenir / Suivez les traces dans la boue jusqu’à là où la mer est noire de sang). Ou comme un Merry Old England qui fait mal quand il confronte les espoirs des immigrés illégaux avec la réalité d’une Grande-Bretagne bien décrépite (« Did they give you everything that you dreamed of? / A B&B and vouchers for three square / Is it еverything that you dreamed of? / … / Oh, how you finding merry old England? » – Vous ont-ils donné tout ce dont vous rêviez ? / Un Bed &Breakfast et des coupons pour trois carrés / Est-ce tout ce dont vous rêviez ? / … / Oh, comment trouvez-vous la joyeuse vieille Angleterre ?).

Selon ses titres, All Quiet On The Eastern Esplanade oscillera ainsi gentiment entre une brit pop mélodiquement inspirée (on n’est pas si loin de Blur, quelques fois, comme sur le joli Man With A Melody), de rares éruptions garage qui sonnent surtout comme un rappel de ce que le groupe a été (Be Young, avec néanmoins une jolie parenthèse reggae), et de ces fragiles moments d’émotion que Doherty sait si bien faire naître (comme sur le jazzy et touchant Baron’s Claw). Mais l’ambiance générale est finalement assez cohérente : l’album dégage un indéniable romantisme qui devrait séduire les plus endurcis, ou les plus réservés par rapport à la saga Libertines…

L’album se referme sur le très beau Songs They Never Play on the Radio (hommage-citation à Nico) résume bien le dilemme des Libertines : leur indéniable talent leur permet de poursuivre sans honte, et non sans panache, l’histoire du Rock anglais, en exploitant le riche héritage des Kinks (une inspiration qui en vaut bien d’autres !), mais ils ont du mal à ne pas jouer un peu aux cancres turbulents qu’ils ne sont plus depuis longtemps, dont on entend les échos dans une longue conclusion assez inutile…

Pour finir, une théorie, un pari : cet album ravira ceux qui n’ont jamais aimé The Libertines, et désespérera ceux qui les portaient aux nues à leurs débuts. Et c’est sans doute très bien ainsi.

9 avril 2024

"Machos Alfa – Saison 2" d'Alberto et Laura Caballero : plus perdus que jamais !

La première saison de Machos Alfa racontait avec un humour irrésistible le chaos qu’avait provoqué dans la vie de quatre amis madrilènes leur tentative de « déconstruction de leur masculinité », engagée afin de se mettre « au goût du jour » et surtout être mieux en phase avec les attentes de leurs compagnes ou épouses… pour les séduire à nouveau ! La fin de la saison n’était pas loin du happy end, mais on se doutait bien entendu que rien n’était définitivement gagné…

On retrouve donc dans le premier épisode Pedro (Fernando Gil), le plus incurablement « macho » de la bande des quatre, qui retourne sur le marché du travail et va se trouver à son tour victime de harcèlement sexuel de la part de sa patronne : c’est sans doute, parmi tous les fils scénaristiques qu’entremêle la nouvelle saison, le plus fécond en termes de réflexion sur les rapports entre les deux sexes. Pedro, comme ce serait le cas d’une femme à sa place, passe de l’incrédulité à la honte, et la confusion, dans la mesure où il doit faire le choix entre la soumission et la perte d’un job qu’il aime… Luis (Fele Martínez) a une nouvelle partenaire pour ses patrouilles, une fille sexy qui rend jalouse Esther. Il va, de fil en aiguille, expérimenter à son tour la mise en place d’une liberté sexuelle dans son couple, qui va redéfinir sa relation conjugale. Raúl (Raúl Tejón) aimerait regagner Luz (Kira Miró) et fréquente désormais le milieu gay madrilène, grâce à son nouveau partenaire professionnel, ce qui crée encore plus de confusion dans sa tête. Finalement, Santi (Gorka Otxoa) – sans doute le personnage moins vraisemblable de la série, le plus mal écrit – n’est pas heureux du retour de l’insupportable Blanca, et va faire une nouvelle rencontre romantique, qui risquera d’être gâchée par ses propres (et nouveaux) préjugés de « mâle déconstruit »…

On voit que la série de Laura et Alberto Caballero n’est pas à court d’idées pour prolonger la trajectoire amoureuse, sexuelle et amicale de chacun des quatre « mâles alpha », plus perdus que jamais… même si tous les rebondissements ne sont pas crédibles, et si certaines situations sentent le scénario forcé dans le sens d’une certaine démonstration, tour à tour, de l’absurdité du wokisme et de la toxicité du machisme. Entre ces deux extrêmes, Machos Alfa oscille quelques fois avec bonheur, cherchant finalement à professer la vertu du « bon sens » face aux diktats de la société comme aux traditions dépassées. On est bien obligé de reconnaître que ça ne fait pas beaucoup avancer la réflexion sur ces sujets complexes, mais ça a le mérite d’être divertissant…

On imagine bien Machos Alfa devenir peu à peu une version ibérique de nos chères Desperate Housewives d’autrefois. En tout cas, il ne faut pas se refuser le plaisir à la fois simple et intelligent de cette série qui sait être alternativement empathique et décapante !

8 avril 2024

"Quelques jours pas plus" de Julie Navarro : musique et cuisine

Il y a dans l’histoire que raconte Quelques jours pas plus un air indiscutable de déjà vu, une série de stéréotypes que les fictions « de gauche » déclinent depuis des années face à la crise mondiale des « migrants » : devant l’inertie des pouvoirs publics et les complexités de l’administration quand il s’agit d’aider ces milliers de réfugiés politiques, climatiques, économiques qui arrivent en Europe, c’est à l’initiative personnelle de gens ordinaires, de gens de cœur, que revient la charge d’essayer de soulager les souffrances des plus malheureux. Ce cinéma « social »-là, dans la lignée de celui que Ken Loach fait depuis des décennies, attire régulièrement l’opprobre, non seulement des plus réactionnaires qui en raillent ce qu'ils qualifient de "bien-pensance", mais même de gens de gauche qui en critiquent l’angélisme… et assènent le verdict qui tue : les bons sentiments ne font pas du bon cinéma.

Le film de Julie Navarro aborde franchement dans sa seconde partie le drame des réfugiés, cherchant pour la plupart à rejoindre une Grande-Bretagne vue comme un eden possible, mais désormais fermée à double-tour, et pointe du doigt notre indifférence à tous. Il le fait de manière quasi documentaire, sans jouer la carte de l’émotion, ce qui est évidemment une vraie qualité, rare qui plus est. Mais Quelques jours pas plus accueille aussi d’autres histoires, plus originales, qui font finalement le sel du film.

Car si Quelques jours pas plus est le parcours d’un homme de la superficialité égoïste à l’engagement, c’est aussi la trajectoire d’un rock critic, amoureux des Kinks (et de ce moment où la voix de Ray Davies le lâche au milieu d’une chanson) et des Zombies (ayant donc nommé sa fille Emily d’après A Rose for Emily), qui va devoir renoncer aux enfantillages de cette culture (détruire des chambres d’hôtel, ce genre de choses), pour accepter qu’une majorité de Français écoutent et chantent du Dalida et du Goldman. La pilule est certes dure à avaler quand on porte jour et nuit un perfecto sur des t-shirts Elvis Costello ou XTC, mais peut-être qu’avoir accès à l’amour nécessite ce niveau de sacrifice. Arthur, qui accepte de transiger avec ses principes esthétiques pour séduire une pétillante ex-avocate luttant au sein d’une association pour les droits des migrants (Camille Cottin, un peu flottante, paradoxalement peu engagée), va apprendre que la vie n’est pas aussi belle qu’un morceau de Rock. Mais qu’elle vaut d’autant plus la peine d’être vécue : la musique est une ouverture au monde, et le jeune afghan (Amrullah Safi, a priori dans son propre rôle) qu’il devra héberger lui permettra de « goûter » à d’autres cultures, via en particulier d’autres cuisines.

Cuisiner pour quelqu’un qui vous accueille en vous faisant écouter la musique qu’il aime, voici finalement l’interaction humaine la plus vraie, et peut-être la plus profonde que Quelques jours pas plus nous montre, loin des discours politiques ou moralisateurs. Et là, le film, qui nous a d’abord bien fait rire en pointant du doigt les clichés du rocker sur le retour formidablement incarné par Biolay, dans son meilleur rôle, et de loin (« La musique française, c’est de la merde ! » lui fait-on dire…), touche quelque chose de très juste, de très profond dans la description de ce qu’est être humain, être solidaire, faire partie d’une communauté.

Alors qu’importe si quelques passages de la seconde partie du film sonnent de manière plus convenue, il y a dans le premier film de Julie Navarro une vraie intelligence et une belle chaleur humaine.

7 avril 2024

"Ohio Players" par The Black Keys : with a little help from their friends…

Il y a deux ans, la parution de Boogie Dropout, un disque particulièrement dépourvu d’imagination, nous avait fait jurer qu’on ne nous y reprendrait plus : bye bye, Black Keys ! Et puis nous voilà tout heureux de trahir notre promesse, et de poser ce nouveau disque, Ohio Players, sur notre platine, alléchés par l’annonce de collaborations diverses mais notables (Beck, Dan The Automator, Noel Gallagher, etc.), pouvant aider le duo à aller jouer sur d’autres terrains que leur blues rock commercial ou traditionnel, mais définitivement fatigué.

Et de fait, dès l’introduction de This Is Nowhere, co-écrit par Beck, on est… « ailleurs »… et probablement, sas vouloir offenser qui que ce soit, dans un genre musical caractéristique de… Beck, justement : c’est pop, c’est gai, c’est frais. C’est aussi (presque) moderne ! Du coup, on ne saisit pas trop la référence du titre de l’album aux Ohio Players, un groupe de funk des années 70 ! Don’t Let Me Go confirme l’emphase mise sur les mélodies pop, tout en sonnant quand même plus « classique » : une jolie chanson, dont on aura plaisir à reprendre en chœur le refrain lors du prochain concert de Auerbach et Carney à Paris (« No, don’t let me go, it gets so cold / When I get back home, I need your love / The warmth of the sun, your arms around me » – Non, ne me laisse pas partir, il fait si froid / Quand je rentre à la maison, j’ai besoin de ton amour / La chaleur du soleil, tes bras autour de moi). Beautiful People (Stay High) braconne franchement sur les terres d’un Kasabian de la grande époque (même si c’est Noel Gallagher qui se joint au duo sur cette chanson…). On The Game, presque Beatles, continue cette visite à la pop anglaise millésimée sixties. Le stomp « glam rock » que les Black Keys ont toujours affectionné, revient en force sur un Only Love Matters néanmoins plus sucré que scintillant derrière sa lourdeur assumée. L’intervention du rapper Lil Noid pour conclure Candy and Her Friends montre l’adaptabilité de Auerbach à des courants musicaux contemporains, mais ne change pas fondamentalement l’orientation d’une chanson gaie et lumineuse. I Forgot To Be Your Lover, reprise d’un classique de chez Stax, referme la première face dans une démonstration de soul suave, un genre habituel aux Black Keys.

Please Me (Til I’m Satisfied) est également du pur Black Keys, toute guitare fuzz en avant, y compris les paroles « sexistes » qui semblent véritablement d’une autre époque : « Well now girl, I know you understand / I’m satisfied to be your loving man / Everybody said you’ll bring me to my knees / … / I said, please, please, please me till I’m satisfied » (Eh bien maintenant, ma fille, je sais que tu comprends / Je suis satisfait d’être ton amant / Tout le monde a dit que tu me mettrais à genoux / … / Je dis, s’il te plaît, s’il te plaît, fais-moi plaisir jusqu’à ce que je sois satisfait). Un clair pas en arrière par rapport à ce qui a précédé. You’ll Pay, un morceau excessivement sixties, donne irrésistiblement envie de se trémousser sur son refrain facile, et c’est ma foi bien agréable. Paper Crown est l’un des titres les plus aventureux, ou les plus modernes en tous cas, avec l’ami Beck franchement aux commandes (et aux lead vocaux), de très belles montées en intensité, atypiques du groupe… et l’inclusion (plus organique cette fois, avec un belle intervention de guitare) du rap de Juicy J dans sa seconde partie : sans doute l’une des plus franches réussites de l’album. Live Till I Die nous remémore – ce qui n’est pas inutile à ce stade – que les Black Keys savent jouer du rock psyché bien décontracté aussi bien que les Dandy Warhols. Read Em and Weep est l’un de ces titres plus faibles qu’on a l’habitude de placer en milieu de seconde face, mais n’est pas désagréable pour autant, avec son ambiance « à la Tarantino« . Fever Tree, bien plus accrocheur, fait remonter l’intérêt avant la conclusion mi-nostalgique, mi-heavy de Every Time You Leave, que l’on peut aussi lire comme une parfaite petite synthèse de différents styles abordés sur le disque, sur un riff facilement mémorisable.

Sans marquer un départ vraiment radical par rapport aux racines du groupe, Ohio Players bénéficie d’un esprit réellement festif qui faisait défaut jusqu’alors au travail de Carney et Auerbach, ainsi que de l’ouverture d’esprit apportée par les amis qui ont collaboré à sa confection (Beck en premier lieu, sans doute). Bref, The Black Keys sont toujours The Black Keys, mais « with a little help from their friends », ils sont plus franchement aventureux ici, et, surtout, ils donnent l’impression de réellement s’amuser. Une seconde jeunesse ?

6 avril 2024

"Monument Movement" de Rank-O : « meccanik dancing » en Touraine !

Ce n’est pas qu’on se fatigue – au contraire, même – mais trois semaines consécutives qui voient la sortie d’albums français que l’on a envie de qualifier de « majeurs », et qui ne rougissent aucunement quand on les compare à ceux de groupes anglo-saxons « établis », on en arrive à être à court d’épithètes pour célébrer la vitalité de la scène Rock hexagonale de 2024. Ne craignons donc pas de nous répéter, après les gifles successives du Chester Remington et du Dynamite Shakers, on ne sait plus quelle joue tendre aux Tourangeaux de Rank-O, qui sortent le second album, Monument Movement (après un premier album, De Novo, en 2022 et un premier EP éponyme en 2019).

Rank-O, avouons, à notre grande honte, que nous ne les avions pas écoutés avant, alors que De Novo avait été chroniqué de manière élogieuse dans ces mêmes pages. Et alors qu’ils font le genre de musique que nous adorons littéralement : disons quelque part entre Devo (vocalement en particulier), les Talking Heads des débuts (rythmes épileptiques sur lesquels on peut danser), avec une petite dose de Pixies (la référence pour des gens qui sont nés dans les nineties, forcément). Et puis, pour sonner plus contemporain, il y a chez Rank-O cette folie généreuse qui vient du Rock progressif, et qui en fait de lointains voisins de nos chers King Gizzard & The Lizard Wizard, mais aussi ce goût pour la pop ludique que l’on tort dans un geste baroque comme le font MGMT lorsqu’ils sont en forme. De toute manière, on est prêts à parier que, si c’est ça qu’on croit y entendre, eux viennent probablement de tout un tas d’autres endroits.

Et, évidemment, l’important n’est pas d’où on vient, mais où on arrive et où on va. Et comment on évolue. Car par rapport à De Novo, Rank-O ont mûri, sonnent de manière un peu moins brutale (même si on imagine bien qu’en live, ce genre de musique doit donner lieu à de bons délires), et ont élargi leur spectre sonore – à la manière de King Gizzard, justement – tout en soignant plus encore l’aspect mélodique de leurs morceaux, qui derrière leur extravagance affirmée, sont furieusement addictifs. Monument Movement, ce sont sept chansons excitantes, qui ne laissent jamais l’énergie retomber, et un morceau fleuve de plus de sept minutes, Talking Monument.

For Every Blow lance la machine dans une exubérance bien venue, qui nous met immédiatement de bonne humeur. Hotel Club Paradisio, avec son chant outré à la manière d’un Mark Mothersbaugh, joue sur des bizarreries électroniques et une répétitivité joueuse qui n’exclue pas la joliesse mélodique : c’est déjà un titre majeur, qui pose Rank-O comme un groupe différent, qui vise plus loin que la satisfaction immédiate de nos pulsions rock’nrollesques. Celebration, sur un riff de base typique du post-punk, fait preuve d’une détermination à nous faire nous trémousser, en chantant en chœur un refrain lysergique. Meadows semble d’abord moins privilégier l’efficacité, mais offre des décollages quasiment lyriques, combinant accélération rythmique et extase psychédélique : six minutes trente de bon délire !

Springs est la chanson la moins rapide de l’album, ce qui nous permet d’apprécier une mélodie facétieuse. Barking Thing marque un retour vers les jeux rythmiques, les ruptures de ton, les audaces formelles, alternant un spoken word impérieux et un chant plus charmeur. Rebirth est un autre titre irrésistible, pur bonheur de « meccanik dancing » comme Andy Patridge en proposait à ses débuts, avec une intervention de saxo free jazz, et de magnifiques envolées qui enchantent littéralement : Rank-O sont GRANDS !

Talking Monument, finalement, a été conçu comme une pièce unique, plus ambitieuse et plus complexe… progressive peut-être même, pour refermer l’album de manière étonnante : de l’expérimentation rythmique, sonore, des dérapages free-jazz, du chaos, du rêve quasi planant, pour que l’inconfort initial de la cacophonie assumée s’épanouisse dans un sentiment de cocon coloré. Qui ouvre une voie nouvelle pour le futur du groupe : le post-punk des débuts donne peu à peu naissance à une musique riche et ambitieuse. Qui laisse formidablement bien présager du futur de Rank-O...

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